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Carte Siegfried

Les levés originaux réalisés pour la carte Dufour ont été publiés avec l’Atlas topographique de la Suisse au 1:25 000/1:50 000 (carte Siegfried). Prenant appui sur deux lois fédérales de 1868, il fit l’objet d’une coopération entre la Confédération et les cantons. Sa parution s’échelonna de 1870 à 1926.

Extrait de la carte Siegfried dans la région de Zurich. La carte est en plusieurs couleurs. On y voit le centre-ville et le lac. L'extrait de la feuille 161 de la première édition de la carte Siegfried à l'échelle 1:25 000 date de 1881.
Extrait de la carte Siegfried, 1881.

Dès l’achèvement des travaux relatifs à la carte Dufour, le souhait de voir les levés publiés à leur échelle originale (soit au 1:25 000 pour le Jura, le Plateau, et le sud du Tessin et au 1:50 000 pour l’espace alpin) fut émis par des milieux scientifiques et techniques (géologie, construction de voies ferrées) mais aussi par le tout jeune Club alpin suisse (CAS, fondé en 1863). Des mesures structurelles furent prises en parallèle par le Département militaire et un bureau d’état-major fédéral fut créé sur le modèle du Dépôt de la Guerre français. Hermann Siegfried (1819–1879), natif de Zofingen, fut nommé à sa tête. En sa qualité de chef de l’état-major, l’établissement et la publication de l’Atlas topographique de la Suisse au 1:25 000/1:50 000 lui incombaient. Cet atlas reçut ultérieurement le nom de « carte Siegfried » pour lui rendre hommage. 

Organisation 

La carte Siegfried devait être établie sur le modèle de la carte du canton de Zurich, publiée entre 1852 et 1865 sous la forme d’une carte au 1:25 000 reproduisant les formes du relief au moyen de courbes de niveau. Dans les régions du pays où des cartes à hachures avaient été établies comme base de la carte Dufour, seul un nouveau levé était envisageable pour la carte Siegfried. Par ailleurs, il fallut fréquemment trancher, surtout pour les feuilles concernant des zones montagneuses, entre une « simple » révision des bases et un nouveau levé.

Bases légales 

Le 18 décembre 1868, les deux lois fédérales concernant la poursuite et la publication des levés topographiques furent édictées. 

Système géodésique de référence 

La carte Siegfried se fonde sur le même système géodésique de référence que la carte Dufour. Seul changement : la valeur de 376,86 m déterminée par Siegfried pour le Repère Pierre du Niton fut introduite comme horizon de référence pour les altitudes (appelé « ancien horizon »). Lorsque cette valeur fut remplacée en 1903 par le « nouvel horizon » de 373,6 m, les cotes altimétriques et les courbes de niveau de la carte Siegfried demeurèrent inchangées, exprimées dans l’ancien système. 

Procédure technique de levé 

Siegfried n’étant entouré que d’un à deux topographes engagés à temps plein dans les premières années, la majeure partie des travaux liés au levé des bases topographiques dut être confiée à des topographes issus du secteur privé. Ceux-ci durent se conformer aux instructions fournies, afin qu’une certaine homogénéité puisse tout de même être atteinte. Des prescriptions spéciales devaient par ailleurs être respectées pour les révisions.

Dans les zones devant faire l’objet d’un nouveau levé, les coordonnées planes et les altitudes d’un nombre suffisant de points (distants de 3 à 5 km) durent d’abord être déterminées au moyen d’une triangulation de 3ème ordre exécutée par des méthodes géodésiques. Ces points furent reportés à l’échelle du levé sur la feuille destinée à la planchette avant le début des levés topographiques proprement dits. Sur le terrain, les ingénieurs topographes durent d’abord densifier le réseau des points fixes à l’aide d’une triangulation graphique réalisée sur la planchette avant de pouvoir débuter leurs levés. Les formes du relief furent reproduites à l’aide de courbes de niveau équidistantes de 10 m (Jura, Plateau, et sud du Tessin) ou de 30 m (espace alpin). La minute topographique dressée à l’encre de Chine à la planchette, généralement accompagnée de trois carnets de terrain (registre des altitudes, registre des routes et chemins et nomenclature), constituait le résultat final des travaux des topographes. 

Découpage en feuilles 

Le découpage en feuilles de la carte Siegfried repose sur les valeurs de base déjà définies par Dufour. Une numérotation des feuilles a été entreprise en complément de la numérotation propre des sections, sans toutefois qu’elle ait été systématisée. Plusieurs feuilles portent un complément de type –bis voire –ter en plus du numéro de feuille effectif. 

Reproduction

Les feuilles de l’Atlas topographique au 1:25 000 ont été reproduites par gravure sur cuivre (taille-douce) en trois couleurs (noir, brun, bleu) et celles de l’ espace alpin au 1:50 000 par lithographie. Les premières feuilles ont été publiées dès 1870 ; la première édition put être achevée en 1922 pour le 1:25 000 (462 feuilles) et en 1926 pour le 1:50 000 (142 feuilles, 118 d’entre elles portant la marque de Rudolf Leuzinger). Ces cartes furent mises à jour jusqu’en 1949, sans qu’il soit possible toutefois de discerner un véritable cycle de révision.

Précision 

L’instruction de 1888 exigeait, pour le 1:50 000, que la moyenne arithmétique des écarts en dix points par rapport à leur position théorique ne dépasse pas 0,7 mm [35 m] en projection. Des erreurs de 1,5 mm [75 m] n’étaient pas admissibles. Au 1:25 000, les seuils correspondants étaient respectivement abaissés à 0,5 mm [12,5 m] et 1,2 mm [30 m]. Les instructions comportaient des indications encore plus différenciées. En conséquence, ces niveaux de précision doivent impérativement être pris en compte lors de la superposition de cartes Siegfried avec des cartes nationales modernes au sein de systèmes d’information géographiques (SIG). 

Hommage

Si la carte Dufour a été celle du tout jeune Etat fédéral, la carte Siegfried peut quant à elle être associée à la révision fédérale de 1874. Son image cartographique est marquée par une sobriété toute scientifique, le relief étant dorénavant représenté à l’aide de courbes de niveau. La reconnaissance internationale a surtout salué la représentation des rochers, dans le cadre de laquelle certains topographes ont accompli des performances de choix grâce à leurs connaissances géologiques (représentation « génétique » des rochers, surtout portée à un très haut degré de perfection par Fridolin Becker et Xaver Imfeld, tous deux élèves du géologue alpin de renom Albert Heim). 


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