Aller au contenu principal

Publié le 5 juin 2024

Après le doctorat: entrer sur le marché du travail non universitaire

Camille Litty et Joan Sturm ont choisi de poursuivre leurs études par un doctorat. Aujourd’hui, elles travaillent chez swisstopo. Elles reviennent sur leur passage du milieu académique au monde de l’entreprise. Interview croisée.

Camille Litty et Joan Sturm, collaboratrices au sein du domaine Topographie chez swisstopo, en train d’échanger sur les compétences professionnelles acquises au cours de leur doctorat.

Joan Sturm et Camille Litty, vous avez rejoint swisstopo en 2023. Pourquoi avoir quitté le milieu universitaire?

Camille Litty: Après mon master, j’ai poursuivi avec une thèse sur l’étude des modèles de terrain à partir des images satellitaires. Je suis ensuite restée dans le milieu universitaire, en tant que professeure assistante puis en post-doctorat. Néanmoins, je ne me projetais pas dans une carrière de chercheur et j’aspirais à une certaine stabilité. Le management de projets techniques m’intéressait davantage. Et j’ai trouvé une opportunité idéale: swisstopo renouvelle son système de production avec notamment l’achat de nouvelles caméras qui lui servent à la collecte d’images aériennes. La thématique reste proche de mes sujets de recherche – bien que différente, et aujourd’hui je m’épanouis dans la gestion de projet.

Joan Sturm: Moi, c’est un collègue qui m’a parlé du poste que j’occupe actuellement. Je n’ai pas encore fini ma thèse, mais un emploi stable, étroitement lié à «ma» thématique de recherche: l’occasion ne se présenterait pas deux fois! Je travaille à 80%, ce qui me laisse du temps pour la rédaction de mes publications et la préparation de ma soutenance. Les thématiques se recoupent, ce qui me permet d’approfondir certains aspects. Et j’apprécie de voir les applications concrètes de mon travail. Je remarque déjà que la pression liée à l’obligation de publier – propre au milieu scientifique – s’estompe au profit des produits et données que nous fournissons à nos partenaires.

En quoi votre bagage universitaire est une force aujourd’hui?

Joan Sturm: Un doctorat, c’est avant tout de la persévérance. Il faut rester concentrée sur le même sujet pendant longtemps – personnellement ça fait cinq ans que je travaille sur ma thèse. Pour y parvenir, on développe d’autres compétences, comme la capacité à saisir les choses dans leur ensemble. On est responsable de l’avancement de nos travaux, alors on apprend à pondérer les éléments, à évaluer les résultats ou les solutions innovantes et à les appliquer à notre contexte. Au final, ces compétences sont utiles bien au-delà du milieu universitaire!

Camille Litty: Oui et j’ajouterais qu’on développe aussi des compétences organisationnelles et de coordination. C’est ce qui me permet d’entrer dans un projet et de le gérer, sans nécessairement être une experte de la thématique. J’ai appris à identifier les bons partenaires et à les intégrer dans les discussions. Avec eux, j’élabore une méthodologie de travail qui permet de faire avancer le projet. Au cours de nos travaux de recherche, on entraîne notre faculté à se projeter dans des opinions différentes. C’est une force pour savoir répondre aux besoins et objectifs d’acteurs différents. Quand je regarde en arrière, je regrette de ne pas m’être rendue compte plus tôt de ces compétences acquises en chemin. On est tellement focalisée sur les connaissances techniques, qu’on ne valorise pas ces soft skills, pourtant essentiels dans de nombreux métiers.

Joan Sturm: On se réfère plus difficilement aux soft skills qu’à un diplôme de doctorat. Pourtant, tu as raison, c’est ce qui nous rend compétitives sur le marché du travail!

À l’inverse, quels sont les nouveaux défis que vous rencontrez?

Joan Sturm: Je suis habituée à conduire seule mes travaux. J’ai donc une maîtrise complète des processus et des délais. Ici, les processus sont plus complexes et impliquent davantage de personnes ou organisations. Disons que j’apprends la patience!

Camille Litty: Personnellement, mon challenge quotidien reste celui de la langue. Le milieu scientifique est très anglophone. Aujourd’hui, c’est de l’allemand dont j’ai besoin au quotidien. Je m’investis beaucoup dans mes cours et parle le plus souvent possible allemand au travail ou à la maison. Et j’apprécie aussi de pouvoir compter sur le soutien de mes collègues!

Portraits

Camille Litty

Camille Litty
Camille Litty a intégré en février 2023 l’équipe innovation au sein du domaine Topographie. Elle est responsable du renouvellement des caméras qui permettent la collecte d’images aériennes, point de départ de la chaîne de production des géodonnées de l’Office. Elle est également responsable de la migration et du développement du système de production de données topographiques 3D de swisstopo.

Joan Sturm

Joan Sturm
Joan Sturm fait partie du processus de gestion de crise au sein du domaine Topographie. Ses travaux de recherche portent sur l’utilisation de la télédétection (remote sensing) pour évaluer et prévenir les effets de la sécheresse sur les forêts. Au sein de son équipe, elle développe des outils utiles pour la surveillance et la prévention de la sécheresse.

Contenus complémentaires

  • Folio 2024 - Couverture

    3 juin 2024

    Les femmes à l'honneur

    Depuis de nombreuses années, les femmes ont investi les professions techniques, y compris la géoinformation et ses secteurs d’activité. L'édition 2024 du Folio met l'accent sur les femmes chez swisstopo.

Office fédéral de topographie swisstopo

Ressort Communication et Web
Seftigenstrasse 264
3084 Wabern