Les photogrammes - un trésor toujours plus précieux
Depuis plus d’un siècle, swisstopo mesure la Suisse à l’aide de photographies. En plus des données de mesure, les travaux de mensuration effectués sur le terrain et depuis les airs ont permis de réaliser sans cesse de nouvelles prises de vue du paysage. À l’origine, les images servaient principalement à établir des cartes. Au fil des décennies, un trésor historique a ainsi été accumulé. Celui-ci ouvre aujourd’hui de nouvelles portes à la recherche.
28.10.2022 | DKW

Depuis le début du siècle dernier, les photogrammes constituent une base importante pour la mensuration nationale suisse. Depuis plus d’un siècle, swisstopo réalise chaque année des photographies du paysage suisse. Elles servaient à l’établissement et à la mise à jour des cartes. L’effet secondaire de la mensuration régulière des mêmes lieux a été la création d’un trésor précieux : la plus grande collection de photos de paysages de Suisse.
C’est ainsi que tout a commencé
Dans les années 1910, swisstopo a commencé à utiliser des photogrammes pour l’établissement de cartes. Il s’agissait de photographies prises depuis le sol, appelées prises de vue terrestres. Plus de 50 000 photos ont été prises jusqu’après la Seconde Guerre mondiale. Ce type de photogrammes n’est possible que dans les régions montagneuses car l’angle de vue sur le terrain à photographier ne doit pas être trop plat. Pour ce faire, les topographes ont escaladé des centaines de points de station exposés afin de collecter des données de mesure pour l’établissement de cartes.
L’avenir était dans les airs

Un peu plus de dix ans après l’introduction de la photogrammétrie terrestre chez swisstopo, on utilisait pour la première fois des photos aériennes. Les photos aériennes sont des photographies prises à partir d’un avion, voire d’un ballon lors des premiers tests. L’Office avait déjà créé son propre service aérien en 1926. swisstopo a commencé à réaliser chaque année des photographies aériennes de régions du pays. Dès la fin des années 1940, les photos aériennes prises systématiquement ont complètement remplacé les prises de vue terrestres. Grâce au développement rapide des avions et des systèmes de caméras embarqués, elles ont rapidement simplifié la prise de photogrammes.
Les photos aériennes ont permis pour la première fois la mensuration photogrammétrique de toute la Suisse.

Depuis près d’un siècle, en étroite collaboration avec les Forces aériennes suisses, le service de vol de swisstopo utilise des avions de mesure de la Confédération et mesure ainsi chaque année un tiers de la Suisse. Il existe ainsi toujours une image actuelle du pays. De plus, la composante de l’observation de l’environnement dans un paysage en rapide évolution devient de plus en plus importante: à cette fin, swisstopo réalise des prises de vue aériennes supplémentaires.
Un demi-million de photos

Au total, les professionnels de la mensuration ont créé plus de 500 000 images analogiques dont la plupart montrent la Suisse vue du ciel. Depuis 2010, swisstopo réalise exclusivement des photogrammes numériques. Dès le début, la moitié des images n’a toutefois pas servi directement à l’établissement et à la mise à jour de cartes mais à l’observation de l’environnement pour le compte d’institutions externes. Aujourd’hui, les photogrammes historiques sont de précieux témoins du passé et offrent des comparaisons uniques du paysage suisse entre le passé et le présent.
La plus grande mémoire du paysage
La continuité de la collection photographique de swisstopo est unique. Des photos de toute la Suisse ont été prises au cours des 70 dernières années et même avant. Ce qui est aussi unique, c’est que chaque endroit a été photographié à plusieurs reprises pendant des décennies. swisstopo s’est fixé pour objectif de numériser toutes les prises de vue analogiques existantes et de les rendre librement accessibles au public. Les photogrammes numérisés offrent de nouvelles possibilités à l’observation de l’environnement dans de nombreux domaines. Calculs de volume de glissements de terrain, fonte de glaciers, déplacements de roches après des éboulements, pour ne citer que quelques domaines d’application.
Photogrammétrie terrestre
Les photogrammes utilisés pour la photogrammétrie terrestre sont des photographies prises depuis un point exposé. Ils documentent le terrain visible. Les photogrammes servaient à la production de cartes et sont aujourd’hui de plus en plus utilisés dans l’observation de l’environnement. Pour la photogrammétrie, il faut au moins deux images (une paire) d’un même objet de référence prises sous des angles différents. La photogrammétrie terrestre n’est possible qu’en montagne car l’angle par rapport au paysage photographié doit être suffisamment grand. Cela n’est donc pas possible sur le Plateau.
Si la distance entre les deux lieux de prise de vue (ligne de base) est connue, la distance à l’objet photographié peut être calculée en fonction des paramètres de l’appareil photo (par exemple la distance focale). La photogrammétrie est utilisée entre autres pour le monitoring des glaciers. Si l’on compare les calculs photogrammétriques effectués à partir d’images prises au cours de différentes années, on peut visualiser les modifications de l’environnement.